Les possibilités économiques limitées et les problèmes sociaux complexes ont freiné le potentiel des collectivités arctiques du Canada. La protection des habitats marins importants à proximité des 53 collectivités qui font partie d’Inuit Nunangat aidera à bâtir une économie du nord résiliente qui est diversifiée et autonome.
Protection marine = Collectivités saines
Les Inuits tirent environ 50 % de leur alimentation des aliments prélevés dans la nature, la plupart de ceux-ci venant d’importantes zones marines sur lesquelles ils dépendent depuis des générations. Ces eaux du Nord offrent des habitats riches pour les narvals, les baleines boréales, les phoques, les poissons et les oiseaux marins, et ceux-ci sont des sources essentielles de protéines pour les résidents de l’Arctique.
Jusqu’à maintenant, le plus grand défi relatif à la mise en place de protections marines dans le Nord est que beaucoup de projets de conservation ne tiennent pas compte des rôles que jouent le bien-être communautaire, l’emploi et la prospérité dans la gérance de l’environnement. La chef inuite Mary Simon a constaté ce lien essentiel dans son rapport final préparé en 2017 à titre de représentante spéciale de la ministre à l’égard du leadership dans l’Arctique.
Dans le cadre de ses discussions avec les Inuits, elle a constaté que « la conservation de l’Arctique devrait aller de pair avec l’établissement et le maintien de collectivités fortes et saines ». Pour atteindre un tel résultat, d’autres options pourraient être requises, notamment des aires protégées autochtones (APA) et des programmes de gardiens des zones côtières de l’Arctique. Mme Simon a défini ces aires comme suit : « Le principe des aires protégées autochtones repose sur l’idée d’une zone protégée qui tient explicitement compte de la vision autochtone de ce qu’est un territoire fonctionnel et qui met en pratique cette vision. »
Dans le cadre de l’adoption de ce type d’approche pour l’Arctique, Océans Nord et sept autres organismes environnementaux non gouvernementaux ont recommandé ce qui suit au gouvernement du Canada dans une lettre de 2016 :
- La gestion d’un système de zones de conservation marines dans l’Arctique devrait être réalisée par les Inuits, et bénéficier directement aux collectivités inuites grâce à des possibilités créatives d’emplois et de formation. On devrait explorer la possibilité de mettre en place un programme de gardiens des zones côtières qui pourrait incorporer les activités de gestion, de surveillance écologique, et de gestion et de surveillance des navires.
- En reconnaissant que la tutelle inuite de l’Arctique canadien et de ces zones de conservation constitue un service important pour le bien du Canada (et du monde), le gouvernement devrait mettre en place et fournir un financement dédié à long terme pour cette gestion.
Les nouvelles zones de conservation marines dans l’Arctique entraîneront des emplois de gestion qui conviennent particulièrement bien aux experts inuits. En outre, ces zones de conservation fourniront une plateforme idéale pour les programmes de surveillance. De tels programmes peuvent surveiller et évaluer les valeurs des écosystèmes existants et l’activité humaine dans ces zones, ainsi que mesurer les modifications amenées par un réchauffement sans précédent.
Les programmes de formation sont essentiels pour veiller à ce que les experts inuits répondent aux qualifications de tels emplois. Dans bon nombre de cas, ces programmes de formation doivent être conçus et mis en œuvre au même moment que la création des emplois pour faire en sorte que les collectivités environnantes puissent participer pleinement. Beaucoup de qualifications professionnelles requises pour ces emplois de conservation sont également pertinentes pour des emplois dans l’industrie, au gouvernement et dans les communications.
Une nouvelle approche à l’égard de la conservation
La conservation devrait prendre place aux endroits où les gens vivent, chassent et se déplacent. Les solutions pour protéger l’environnement marin devraient améliorer la prospérité humaine et écologique plutôt que de les compromettre.
Pour assurer la durabilité, il faut enrayer la pauvreté environnante. Afin que le Canada puisse augmenter grandement le nombre de zones marines protégées dans l’Arctique, il doit simultanément faire des progrès sur le plan du chômage, des faibles résultats scolaires et de l’absence des occasions de formation.
Océans Nord s’engage à soutenir les projets de conservation qui comprennent de la formation et de la création d’emplois. Parmi les réalisations des dernières années, notons :
- l’aide au lancement du projet Région désignée des Inuvialuit – Programme de surveillance communautaire (RDI – PSC);
- le soutien à la planification marine, à la surveillance côtière et à la formation au Nunatsiavut;
- le soutien au projet pilote de surveillance marine au Nunavut;
- le lancement de programmes de surveillance communautaire des mammifères marins et des glaces au détroit de Lancaster;
- la promotion de la nécessité de mettre en place une université dans l’Arctique canadien.